[peace deserters] Ni libération nationale, ni irrédentisme – Notre guerre c’est la guerre de classe

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Reçu par email en anglais et traduit par nos soins

Depuis au moins 15 ans, une série d’« urgences » ont été déployées pour que les travailleurs travaillent de plus en plus longtemps, revendiquent de moins en moins et soient de plus en plus disciplinés. Nos patrons et l’État capitaliste tentent de nous faire croire que leurs exigences sont prioritaires, que leurs intérêts sont les nôtres et que nous devons faire un pas en arrière dans la défense de nos propres besoins.

Ils invoquent tantôt la « crise de la dette », qui nous oblige à accepter la réduction des salaires et des dépenses sociales ; tantôt la « crise sanitaire », qui nous oblige à accepter les confinements de masse et la vaccination universelle de la population ; tantôt la « crise environnementale », qui nous oblige à accepter avec fatalisme que les catastrophes « naturelles » – qui sont pourtant causées par l’expansion même des rapports capitalistes au détriment de la nature – continueront d’affecter la population ; et tantôt la « crise énergétique », qui nous oblige à accepter l’austérité comme un événement naturel, et ainsi de suite. Ces « urgences » successives seront surmontées, nous dit-on, si la classe ouvrière oublie ses propres intérêts et travaille à soutenir les intérêts nationaux.

Et si, en temps de paix capitaliste, tous ces sacrifices sont ceux que l’État et le capital exigent de nous, en temps de guerre capitaliste, le prolétariat est appelé à sacrifier sa propre vie pour massacrer ses frères et sœurs de classe au nom de l’intérêt national. Et pour mener la guerre des patrons, les travailleurs du front intérieur (à la fois dans les zones de non guerre et surtout dans les zones de guerre) doivent produire des armes et tout ce dont le front de guerre a besoin, sans perturber la paix sociale, et plus encore, avec des salaires plus bas et des charges de travail plus lourdes, et avec des gouvernements dénonçant les grèves comme portant atteinte à la « cause nationale » (et, dans le passé peu glorieux des guerres mondiales, même comme une « trahison »).

Aujourd’hui, en pleine situation de guerre, on nous demande une fois de plus d’« assurer leurs arrières » (ceux de la nation), de payer les milliards que coutera la guerre par le biais de coupes dans l’éducation et de soins de santé plus médiocres, par l’inflation, par un travail encore plus dur ainsi que par l’accroissement de la précarité et de la répression. Endurer la misère d’un salaire qui s’épuise avant la fin du mois, tout en étant confronté à des États qui prétendent que les guerres qu’ils provoquent et soutiennent eux-mêmes sont responsables du coût incontrôlable de la vie.

Quelle est la réponse la plus appropriée aux plans du capital et de son État, que ce soit en Occident ou dans les zones de guerre, pour que la classe ouvrière puisse défendre son autonomie ? Comment et pourquoi la défense des nationalismes de toutes sortes a-t-elle pris le pas sur la défense de nos intérêts de classe immédiats ?

Sur la base de ces questions, nous avons traduit [en grec] la contribution des camarades de Proletarios Hartos de Serlo d’Equateur, afin d’apporter un exemple d’internationalisme prolétarien intransigeant, que nous complétons par la question essentielle de ce qu’il faut faire ici, à l’arrière des zones de combat.

Les prolétaires des zones de guerre peuvent poursuivre activement la fraternisation prolétarienne internationaliste au front, dans la plus totale indifférence vis-à-vis du futur vainqueur, en sapant les activités de guerre de l’armée, en sabotant, en désertant et en retournant leurs armes contre leurs propres officiers. Et si cela leur convient, ce qui nous convient ici et au prolétariat des métropoles occidentales, d’un point de vue internationaliste prolétarien, c’est de ne pas prendre le parti de l’un ou l’autre État-nation, de ne pas nous laisser enfermer dans la perspective des « bonnes » et des « mauvaises » nations, de ne pas défendre la libération nationale de la nation la plus « lésée » contre sa soumission aux grandes puissances impérialistes.

Notre responsabilité n’est rien d’autre que d’aiguiser la lutte des classes, en refusant collectivement de travailler, par exemple en pratiquant la grève et le sabotage, et en nous attaquant à la production de guerre ici, c’est-à-dire en nous attaquant à la fois à l’industrie de l’armement et à la reproduction du capital dans son ensemble. À quoi cela sert-il que les travailleurs demandent aux États d’apporter une solution aux conflits guerriers, puisqu’ils ont été créés par les États eux-mêmes ? Par exemple, le cessez-le-feu sur le front russo-ukrainien et le retour à la paix capitaliste devront céder la place aux privatisations et aux mesures sévères de restructuration capitaliste. A moins que la paix ne soit imposée par les luttes ouvrières et sociales elles-mêmes, tant dans les zones de guerre qu’à l’arrière, en Occident, à moins que le pouvoir du prolétariat lui-même, tel qu’il s’exprime dans la sphère de la production et au-delà, dans l’usine sociale, ne devienne la force « pacificatrice » (et en même temps révolutionnaire).

Contre les maigres « augmentations » qui ne compensent pas les pertes salariales et les réductions de dépenses dans tous les secteurs de la reproduction sociale du prolétariat, contre toutes sortes de bons d’achat et de forfaits de la misère et de la charité d’État, contre les nouvelles clôtures et le pillage de l’environnement naturel par le capital, contre la férocité de l’inflation, contre toutes les divisions et séparations, nationales, raciales, de genre, et autres, imposées par le capital, notre réponse ne peut être que la trahison de tout « effort national », la relance des luttes, le déclenchement de nouvelles grèves, protestations, manifestations, émeutes. En luttant contre l’austérité et l’intensification du travail que les classes bourgeoises tentent d’imposer pour alimenter leurs guerres, les travailleurs luttent en réalité contre la guerre, consciemment ou non.

Quant aux fronts de guerre actifs, au lieu de soutenir les « anarchistes en uniforme », nous soutenons les 150.000 Ukrainiens qui ont déserté en deux ans et demi de guerre, les Russes qui ne veulent pas signer de contrats avec l’armée russe, et les femmes de Transcarpatie qui ont attaqué les gardes-frontières à coups de pierres et de bâtons lorsqu’on les a prises pour des conscrits ! Dans le même temps, nous nous réjouissons des 270.000 vols d’armes à feu en Ukraine depuis le début de la guerre et des évasions constantes et « inexpliquées » de soldats capturés dans les deux camps adverses !

Nous ne sommes au service d’aucune perspective anti-impérialiste, social-patriotique ou anarcho-léniniste pour l’unité nationale !

Lutte prolétarienne autonome, pas de collaboration avec la bourgeoisie, sa médiation étatique et syndicale !

Désertions massives et fraternisation dans tous les camps sur le front !

Sabotage et grèves dans les usines d’armement, les gares et les ports !

Nous soutenons de toutes nos forces les déserteurs de tous les fronts !

Déserteurs de la paix capitaliste
peacedeserters@riseup.net
20 novembre 2024

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