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« J’ai toujours pensé que tout le monde était contre la guerre, jusqu’à ce que je découvre qu’il y en a qui sont pour. Surtout ceux qui n’ont pas besoin de la faire. » Erich Maria Remarque
Depuis le début de l’invasion/agression des forces armées russes en Ukraine (et bien que le conflit ne date pas de 2022, mais a commencé en 2014), de nombreux groupes, partis, organisations, initiatives, individus, qu’ils soient formels ou informels, de la gauche radicale du capital, tout à fait en accord avec leur position/théorie/idéologie, se sont ralliés à l’un des belligérants et ont justifié cette guerre. C’est-à-dire qu’ils justifient et défendent idéologiquement les intérêts d’une fraction du capital.
Que ce soit la position dite « pro-russe », trop peu critiquée, qui se définit comme la position anti-impérialiste, très répandue dans le monde et qui, en encerclant les pays membres de l’OTAN, donne une légitimité à l’invasion de l’armée de la Fédération de Russie en Ukraine. Selon cette vision, il s’agit d’une guerre contre l’impérialisme de l’OTAN, c’est-à-dire des États-Unis et de leurs marionnettes. Dans ce récit, seul l’impérialisme joue un rôle, les contraintes du capitalisme qui le précèdent ne jouent aucun rôle. Ici, l’Occident est le bad boy.
Ou la position dite « pro-ukrainienne », qui n’est pas non plus suffisamment critiquée, et qui se définit également comme une position anti-impérialiste, avec seulement l’ajout d’une soi-disant libération nationale, comme la libération définitive du joug de l’impérialisme russe, qui doit se défendre contre les contraintes impérialistes – déjà considérées comme déterministes – de la Russie. Comme s’il s’agissait d’une guerre contre l’impérialisme de la Russie, qui tente d’établir un nouvel empire par la force des armes. Dans ce récit, ni le capitalisme ni les contraintes impérialistes qui l’accompagnent ne jouent aucun rôle. Ici, ce sont les Russes qui sont les bad boys.
Et enfin, la position dite « pacifiste », qui n’aspire à rien d’autre qu’à la guerre pacifique du capitalisme, dans laquelle des milliers de réfugiés se noient en Méditerranée, des milliers de réfugiés, poussés par la misère, la faim, les catastrophes écologiques – toutes causées par le capitalisme – traversent le Sahara et sont jetés au bord de la route par des passeurs, des milliers meurent de faim dans le monde, sont exploités, etc. Cette position veut la fin des conflits et des guerres armés et militaires, mais ne veut rien faire contre leur cause. Cette position pense que le capitalisme peut mener à bien ses massacres contre toutes les espèces de la planète sans recourir à la violence armée. Car la paix n’est qu’une trêve dans une guerre sans fin. C’est ce que nous enseigne l’histoire, c’est ce que nous enseigne la domination du capitalisme.
Depuis le début de cette autre guerre, l’une des nombreuses qui font bouffer des barbelés et des balles à des milliers de travailleurs dans les tranchées pour les intérêts de leur bourgeoisie nationale, peu de groupes, initiatives, organisations, formels ou informels, se sont mobilisés pour dire que toutes les guerres ne sont que les guerres du capitalisme, qu’elles ne font qu’exprimer et protègent les intérêts d’une classe dominante contre une autre, dans le sens que donne Clausewitz, que les guerres sont une expression fondamentale du capitalisme pour résoudre les crises économiques, qu’elles soient dues à une trop grande accumulation de marchandises, à la perte de valeur des marchandises, à une nouvelle exploitation/contrôle/défense par le monopole de nouveaux marchés, etc. Que dans ce contexte, l’État actuel et son incarnation idéologisée, la nation, jouent un rôle fondamental pour amener les travailleurs à s’entretuer pour les intérêts de ceux qui les exploitent dans leur propre pays, qui les emprisonnent, les expulsent de leur logement, etc. au moyen de faux antagonismes et de fausses dichotomies (patrie, nation, race, foi, peuple, patriarcat, etc.), et de faire en sorte que ceux qui subissent en fait la même réalité capitaliste s’étripent mutuellement. La société de classes ne nous divise pas seulement en classes, mais la classe dominante nous divise une fois de plus, nous les travailleurs, par le biais du racisme, des frontières, des nations, des cultures, du patriarcat, etc. pour ne servir que ses intérêts. C’est là que la démocratie joue un rôle énorme, car elle unifie la société divisée en classes en faisant disparaître les antagonismes. Elle crée également une fausse communauté humaine autour de l’État, de la nation et du peuple, car nous sommes tous, au final, des citoyennes et des citoyens libres. Nous avons le droit de choisir [et de voter], de décider librement de l’endroit où nous sommes exploités, etc. Mais nous avons aussi, selon Hegel, le devoir d’assassiner pour notre pays, lorsque celui-ci nous appelle à nous battre sous les drapeaux de notre nation.
Pour pouvoir discuter de ces questions, ainsi que de beaucoup d’autres qui n’ont pas été mentionnées, pour pouvoir discuter de la manière dont un mouvement révolutionnaire pourrait faire face à ces questions, comment lutter contre la guerre et la paix capitalistes, comment lutter contre les fausses critiques de celles-ci, un appel a été lancé pour se rencontrer fin mai 2024 à Prague lors de la Semaine d’action.
Nous, du Salon du livre anarchiste de Berlin et du Groupe de soutien aux prisonniers, avons essayé de contribuer autant que possible à promouvoir cette rencontre en traduisant de nombreuses annonces et textes, en parlant avec des gens de la nécessité d’une telle rencontre, parce que nous considérons que l’objectif de cette rencontre est très important, parce que cette rencontre devait aussi avoir pour but important de faire se rencontrer des révolutionnaires du monde entier, avec un accent important sur l’Europe de l’Est, et enfin nous considérons que les intentions et les points proposés par cette rencontre sont toujours justes. La rencontre n’avait donc pas seulement un caractère internationaliste, mais défendait clairement l’internationalisme, ce qui est à nouveau d’une importance énorme de nos jours.
Précisément parce que l’internationalisme est généralement compris comme une accumulation de différents mouvements de libération nationale (nationalistes et réactionnaires) ou comme une accumulation de différentes nations et de différents nationalismes, comme ce fut le cas au sein du Komintern, et que cela ne correspond pas à son intention révolutionnaire, selon la devise que le prolétariat n’a pas de patrie ; mais tout d’un coup et à nouveau, il en a une infinité, où seuls les intérêts de la classe dirigeante émergente sont finalement défendus.
C’était très ambitieux, notamment parce que différents groupes, initiatives, organisations et individus anarchistes et communistes (de gauche), ainsi que différentes tendances au sein de ceux-ci, ont été invités à la rencontre – seuls les organisateurs en connaissent la raison exacte – où le dénominateur commun était parfois seulement le rejet et la critique générale, mais néanmoins juste, de la guerre et de la paix du capitalisme. Un projet ambitieux donc, peut-être même trop.
Une semaine entière d’actions, de rassemblements, de manifestations et de discussions devait avoir lieu.
Comme nous l’avons déjà mentionné, il y a des groupes et des individus réformistes et contre-révolutionnaires qui, comme le loup déguisé en mouton, se présentent comme des révolutionnaires, des ennemis irréconciliables du capitalisme et de l’État, mais qui en réalité ne sont rien d’autre que leurs chiens sanglants. Il y a, comme indiqué précédemment, des groupes, partis, etc. marxistes-léninistes – donc la gauche du capital – qui défendent, voire légitiment l’invasion de la Fédération de Russie, mais il y a aussi ces faux anarchistes – dans ce cas également la gauche du capital – qui font de même du côté de l’OTAN et de l’Ukraine. Ces derniers haïssent et méprisent tous ceux qui les critiquent et les attaquent publiquement en raison de leur faux anarchisme et de leur incohérence. Ce qui est logique, puisqu’ils veulent recevoir l’absolution pour ce qu’ils tentent de défendre au nom de l’anarchisme.
Or, ces dernières voix sont plus répandues, plus fortes, en Europe de l’Est et en Europe centrale, contrairement à d’autres endroits dans le monde où l’attitude la plus répandue est de se ranger inconditionnellement derrière la Russie. Manichéisme typique de l’anti-impérialisme, où tout ce qui est contre les Etats-Unis et l’OTAN est bon, aussi réactionnaire et contre-révolutionnaire que cela puisse être. Toutes positions que nous considérons comme erronées et contre-révolutionnaires, dans cette guerre comme dans toute guerre capitaliste et toute paix capitaliste.
Mais dans la rencontre qui aurait dû avoir lieu à Prague fin mai, du moins telle qu’elle était annoncée, c’est précisément ce conflit qui s’est exacerbé, entre ceux qui sont pour la destruction de toutes les États-nations, le capitalisme, le patriarcat, etc. et ceux qui les défendent. Nous disons « s’exacerber » parce que depuis le début de cette guerre, qui a déjà coûté la vie à des milliers de travailleurs ukrainiens et russes, de réfugiés du monde entier qui se sont engagés comme mercenaires avec la promesse d’une meilleure citoyenneté, de prisonniers qui ont été sortis de prison et à qui on a promis la libération s’ils survivaient à ces massacres, il y a un conflit international sur ce sujet, où deux positions antagonistes s’affrontent.
Nous n’aborderons pas ici la manière dont ces anarchistes de l’OTAN (ce qui est pour le moins un euphémisme) dénoncent et diffament tous les anarchistes révolutionnaires (nous y reviendrons plus tard), mais il est important de souligner une fois de plus avec quelle énergie ils tentent de charger ce débat de morale, ainsi que de mensonges, car il n’est pas question ici de contenu ; mais à Prague, ce conflit a atteint un autre sommet.
Par hasard ou non, le même week-end devait se tenir à Prague un Salon du livre anarchiste, dont il était clair dès le départ qu’il n’avait et n’aurait rien à voir avec l’Action Week1. Qu’elle soit co-organisatrice ou non, la Fédération Anarchiste (AFed) de la République Tchèque avait déjà clairement indiqué à plusieurs reprises2 sa position belliciste et avait qualifié toutes les initiatives et tous les groupes qu’elle situait sur le territoire de la République Tchèque (la question de savoir si c’est vrai ou non est tout à fait hors de propos), comme l’Initiative antimilitariste (AMI) et le groupe Tridni Valka (Guerre de Classe), pour ne citer que quelques exemples, de groupes fantômes, de groupes et d’initiatives que personne ne connaissait et qui ne faisaient pas partie du mouvement anarchiste. Quelle accusation absurde, infantile et ridicule ; nous ne connaissons pas non plus l’AFed, donc elle n’existe pas ?
Ceci n’est qu’un exemple de plus du fait que ceux qui se disent anarchistes, mais qui ne sont que les chiens de garde du capital et de l’État, et qui prétendent vouloir discuter avec tout le monde, doivent attaquer et diffamer tout et tous ceux qui leur tendent un miroir en critiquant leur attitude belliciste, ce que l’AMI et Tridni Valka, entre autres, ont fait à plusieurs reprises.3
Une autre accusation de l’AFed était que la Semaine d’action ne serait en réalité qu’une énorme bulle et un canular, que la traduction des appels en douze langues4 n’était qu’un leurre, etc. Tout cela a été diffusé par ces groupes bellicistes. Ils voulaient dissuader tout le monde d’aller à cette rencontre.
Si l’antimilitarisme, la perspective mondiale et la nécessité de la révolution sociale sont défendus par une minorité, tous les anarchistes du monde devraient quand même se demander si cette question est pertinente selon l’unité de mesure « minorité versus majorité » ou si c’est seulement une question entre les ennemis et les défenseurs de tous les États-nations et du capitalisme.
Comme indiqué précédemment, nous avons également entendu plusieurs rumeurs de ce type ici à Berlin, depuis le début de la guerre, sur d’autres groupes gênants pour ces bellicistes, en particulier en Europe de l’Est, qui ont été qualifiés soit de fous dogmatiques, soit d’insignifiants. Un exemple serait le groupe Assembly de Kharkov ou l’organisation anarcho-syndicaliste de Russie KRAS-AIT. Il y a déjà eu des incidents où les noms des membres de groupes gênants ont été publiés, ce qui fait évidemment directement le jeu de la répression.
Pour nous, ce ne sont que des méthodes de flics ; tout « groupe anarchiste » qui utilise de telles méthodes cesse immédiatement d’en être un s’il s’engage dans cette voie, quelle qu’en soit la raison. Ce ne sont que des auxiliaires de l’État.
Avant même la rencontre, des conflits se préparaient et les organisateurs ont attiré l’attention sur le fait qu’un événement solidaire avait dû être annulé pour des raisons qui nous sont inconnues. Nous disons honnêtement des raisons inconnues, car nous ne voulons pas prêter attention à de nombreuses rumeurs.
La rencontre à Prague, le début d’une catastrophe
Nous n’avons pu nous y rendre que le vendredi, mais dès le jeudi, les personnes présentes sur place nous ont dit que la rencontre était une catastrophe absolue. Lors d’un rassemblement et d’une manifestation qui auraient dû avoir lieu dans le cadre de la semaine d’action, aucun des organisateurs n’était présent, il y avait des problèmes de logement, beaucoup de personnes venaient de l’extérieur, et enfin l’école où devait avoir lieu la conférence (qui avait déjà été louée en février 2024 pour les jours de mai), avait résilié le contrat.
En tout cas, un énorme problème se profilait à l’horizon, car en raison du mauvais temps, il pleuvait et de fortes pluies étaient annoncées, les discussions pouvaient difficilement être menées en plein air et il y avait toujours le problème de l’hébergement. Nous nous sommes rendus à l’école où la réunion aurait dû avoir lieu et nous n’avons trouvé personne. Nous avons pu apprendre qu’un lieu alternatif pouvait être trouvé et que la réunion pourrait s’y tenir, et que l’on verrait ce que tous les individus, groupes, etc. présents pourraient faire.
Une réunion de généraux sans armées
Rétrospectivement, le vendredi et la moitié du samedi avaient le parfum bizarre du film des Monty Python La vie de Brian ; nous-mêmes étions agacés au début, mais nous nous sommes très vite amusés, la situation elle-même forçait les choses et nous aimons aussi rire.
Nous sommes donc arrivés à ce lieu de rencontre alternatif – il faut dire ici que certains participants pourraient ne pas apprécier notre description, voire la trouver absurde et/ou inutile, mais cela nous est égal, nous ne révélons rien d’important, mais voulons pouvoir formuler notre critique de manière plus compréhensible et plus détaillée avec cette description – et nous avons rencontré un ostensible groupe de personnes assises en cercle. L’accueil qui nous a été réservé ressemblait plutôt à un interrogatoire de la Tchéka pour savoir qui nous étions et d’où nous venions. L’ambiance était bien sûr morose. C’est une question légitime, surtout s’il y a réciprocité, mais il était évident que les esprits étaient échauffés. Nous n’étions pas plus avancés, nous étions nous aussi agacés par la situation chaotique.
Après les formalités, une personne s’est approchée et nous a expliqué la situation. Personne n’avait apparemment vu les organisateurs, personne ne savait qui organisait la semaine d’action et tout semblait très improvisé. Faisant de la nécessité une vertu, on voulait quand même tenir une réunion et discuter. Nous nous demandions si les organisateurs avaient été informés de ce lieu et comment d’autres participants allaient le trouver ?
Pour nous, la situation n’était pas seulement absurde, mais nous recevions toujours des informations très contradictoires et nous ne pouvions pas vérifier ou confirmer ce qu’on nous disait. Pour nous, il était beaucoup plus important à ce moment-là de découvrir comment et pourquoi la situation était telle qu’elle était, plutôt que de faire des déclarations internationalistes absurdes, ce qui était le cas, et ce que nous considérons comme absurde d’une manière ou d’une autre lors d’une réunion.
La réunion s’est donc poursuivie, au cours de laquelle tous les participants ont présenté leurs analyses sur les raisons de la guerre et sur la manière d’agir contre les guerres, en respectant un timing précis à la seconde près (cinq minutes). Comme nous étions arrivés tard, nous n’avons pas pu participer à la décision sur la manière dont la réunion allait se dérouler. Nous étions donc un peu tiraillés entre la désinformation et les déclarations contre la guerre.
La plupart des déclarations étaient non seulement surréalistes pour nous, mais elles remplissaient davantage une situation chaotique de slogans de lutte vides et d’analyses creuses plutôt que de discuter ensemble de choses plus précises.
Au fil des heures, de plus en plus de groupes et de personnes se sont retrouvés dans la même situation chaotique, jusqu’à ce qu’il soit dit que les organisateurs de la réunion allaient bientôt arriver. Des slogans haineux contre Tridni Valka ont été prononcés par des individus, des menaces de coups ont été proférées, mais il n’était toujours pas clair si ces groupes avaient organisé cette rencontre directement sur place.
La nouvelle s’est répandue que la rencontre avait été sabotée et boycottée par le salon du livre anarchiste, la Fédération anarchiste et d’autres anarchistes de l’OTAN. Des événements en faveur de la guerre y ont par ailleurs été organisées par ABC Belarus, Solidarity Collectives… entre autres.
Ils ont fait pression sur la direction de l’école pour que la rencontre n’ait pas lieu. La réunion a été présentée comme pro-russe et violente. Ce dernier point est lié à un texte publié sur le site du congrès, où il était déjà fait mention des attaques de tels groupes et individus et qu’ils défendraient la Semaine d’action contre de telles attaques et provocations.
Les gens qui sont arrivés au milieu des accusations et de l’hostilité ont proposé qu’une salle soit organisée pour le samedi, qui ne serait pas suffisante pour la réunion initiale, mais où les discussions pourraient avoir lieu. « Menteurs », « cassez-vous », « vous n’avez plus rien à dire ici, le peuple a parlé » (the people have spoken) et d’autres expressions similaires ont été lancées. Une situation tour à tour amusante et pathétique, du moins en ce qui concerne le comportement des personnes présentes.
Nous ne l’avions pas encore bien perçu à ce moment-là, mais il était très clair que dans cette situation déjà chaotique, des groupes tentaient de casser la réunion de l’intérieur, en plus des attaques des anarchistes de l’OTAN, là où d’autres conflits entre groupes se déroulaient à ce moment-là. En premier lieu, les groupes communistes de gauche.
Bien que l’on ait essayé de sauver la réunion autant que possible, la situation a dégénéré d’une manière théâtrale que l’on ne pouvait accompagner que de pop-corn. Une femme se tenait à côté de nous et a même dit que les gens qui venaient d’arriver ressemblaient à des flics. Nous l’avons rapidement remise à sa place en lui disant qu’il ne fallait pas faire ce genre d’accusation à partir de rien.
Il était clair que la rencontre, telle qu’elle aurait dû avoir lieu, avait échoué, il ne restait plus qu’à savoir comment sauver le reste du temps (samedi et dimanche). De notre point de vue, très peu de personnes se sont occupées de cela et ont fait l’impossible à partir d’une situation très précaire pour que la semaine d’action puisse avoir lieu.
Pendant tout ce temps, certains n’ont cessé de répéter que le lieu du samedi était également inventé, qu’il s’agissait probablement d’une grotte dans la forêt (« comme une sorte de Mordor »), que rien n’était prévu, que la journée de demain serait une répétition de celle de vendredi. Une partie des personnes présentes – c’est-à-dire les horripilant groupes communistes de gauche – ont commencé à vouloir diriger les masses à leur manière, et ont proposé un rendez-vous alternatif pour le samedi. Nous commencions à manquer de pop-corn imaginaire et nous espérions une baston, ce qui aurait rendu le tout encore plus amusant, mais elle n’a pas eu lieu.
Nous espérions en tout cas une meilleure journée à venir.
Le samedi, la suite encore plus absurde du vendredi
Il s’est rapidement avéré que le samedi était la suite du vendredi. Nous nous sommes rendus au lieu de rendez-vous où nous pensions que la réunion qui avait été proposée le jour précédent devrait avoir lieu. Mais nous avons atterri dans la réunion « alternative », mea maxima culpa ; à part la promenade dans Prague, tout était pourri. Après d’autres déclarations, après d’autres slogans historiques, après d’autres propos haineux contre les organisateurs, la bande s’est dirigée vers un endroit, en plein air, où nous devions discuter ensemble.
Pendant tout ce temps, nous voulions juste savoir où se trouvait l’autre réunion, nous voulions juste partir le plus vite possible. Les groupes de la gauche communiste avaient atteint leur but, les allers-retours incessants, la désinformation, les rumeurs, tout cela avait fait que les gens ne savaient plus quoi faire dans une ville qu’ils ne connaissaient pas. A partir de ce moment, la semaine d’action avait définitivement explosé, de l’extérieur comme de l’intérieur.
L’absurdité a ensuite atteint son paroxysme lorsqu’il s’est agi de savoir si le maigre reliquat de personnes restées sur place était d’accord ou non de considérer cet événement comme une sorte de conférence de Zimmerwald en 1915 ou non. Nous n’attendions que l’adresse de l’endroit où se tiendrait la semaine d’action, et lorsque nous l’avons reçue, nous avons foutu le camp aussi vite que possible. La situation n’était pas seulement décourageante mais aussi confuse car certaines personnes présentes ont annoncé leur intention d’aller au salon du livre anarchiste, qui était également responsable de cette situation. De notre côté, nous avons averti les gens, mais comme ils ne semblaient pas avoir la moindre idée du conflit et ne voulaient pas nous croire, ils y sont allés quand même. C’était surréaliste.
Vendredi pourri, la moitié du samedi aussi, mais à partir de ce moment-là, nous avons finalement eu la possibilité de faire ce pour quoi nous sommes allés à Prague. Les discussions étaient très intéressantes et nous avons pu rencontrer des personnes de différents pays avec lesquelles nous avons eu des discussions et des débats intéressants et fructueux.
Le sabotage et les attaques de l’extérieur
Un exemple de la confrontation que nous avons évoquée, c’est le flyer qui fut distribué au Salon du livre anarchiste de Prague, que nous reproduisons ci-après :
Congrès « Anti-guerre », Prague 24-26 mai
L’antimilitarisme peut être différent
Nous ressentons le besoin de parler de la différence idéologique entre nous, les antimilitaristes, et les « anarcho-poutinistes », qui essaient de faire partie du mouvement anarchiste international, mais refusent de soutenir l’Ukraine. Il n’y a pas encore assez de réflexion sur le sabotage des « anarcho-poutinistes » et ses conséquences. Ce groupe, qui est apparu après l’invasion à grande échelle, ne commence à être visible qu’aujourd’hui et a malheureusement une certaine influence sur le mouvement anarchiste occidental.
Les adeptes de l’« anarcho-poutinisme », bien qu’ils soutiennent le refus de participer à la guerre, se disent rarement pacifistes. Ils se contentent généralement de dire que le véritable ennemi des anarchistes, c’est la classe capitaliste et que le fait que des travailleurs s’affrontent les uns aux autres est contraire à la solidarité internationale. Ils se réfèrent généralement à l’expérience de la Première Guerre mondiale, soulignant que les anarchistes ne soutiendront jamais l’un ou l’autre camp de la guerre impérialiste. Ils s’inspirent de classiques de l’anarchisme comme Malatesta ou Nettlau, et affirment que la guerre russe en Ukraine est une guerre impérialiste, et que les anarchistes doivent donc rester neutres et ne soutenir aucun des deux camps.
Mais pourquoi la tentative des « anarcho-poutinistes » d’appliquer les constructions théoriques des classiques anarchistes au conflit actuel n’a-t-elle pas de sens ? Très probablement parce que leur interprétation de la théorie ne correspond pas à la réalité. Par exemple, Errico Malatesta écrit dans « Les anarchistes ont oublié leurs principes » :
« Je ne suis pas un “pacifiste”. Je lutte, comme nous le faisons tous, pour le triomphe de la paix et de la fraternité parmi tous les êtres humains ; mais je n’ignore pas que le désarmement ne peut être réalisé que par le consentement mutuel, et aussi longtemps qu’il y aura des hommes prêts à violer la liberté d’autrui, il incombe à ces derniers de se défendre s’ils ne veulent pas être éternellement battus ; et je sais en outre que l’offensive est parfois le meilleur sinon le seul moyen efficace de se défendre. Au surplus, je pense que les opprimés se trouvent toujours en état de légitime défense, et qu’ils ont toujours le droit d’attaquer leurs oppresseurs. J’admets donc qu’il y a des guerres nécessaires, des guerres sacrées : ce sont les guerres libératrices, comme les “guerres civiles”, c’est-à-dire les révolutions. »
Les partisans de l’« anarcho-poutinisme » sont d’accord avec ce qui précède, affirmant que les opprimés doivent lutter contre leurs oppresseurs. Mais ils réduisent l’oppression à l’aspect économique. Cependant, penser que la libération se fait uniquement par l’expropriation économique et n’inclut pas la lutte pour l’autonomie culturelle est une perception primitive de l’approche anarcho-syndicaliste de l’auto-émancipation. L’antimilitariste et anarcho-syndicaliste Alexeï Borovoï a affirmé que la préservation de l’identité culturelle n’est pas en contradiction avec l’antimilitarisme :
« Le militarisme est un produit de l’impérialisme, un résultat particulier de la culture bourgeoise-capitaliste. Et si le militarisme est inconcevable en dehors des frontières nationales, cela ne signifie pas que toute prise de conscience par les gens de leur unicité et l’affirmation de leur existence individuelle, qui est le noyau principal de l’anarchisme lui-même, soit toujours associée aux fardeaux et à l’immoralité du militarisme. » En d’autres termes, comme la plupart des anarchistes, il partageait l’idée que la participation du prolétariat à la guerre, non pas en tant que prolétariat, mais en tant que peuple doté d’une culture propre, est incompatible avec l’idée d’unification et d’expansion, c’est-à-dire une manifestation de l’impérialisme. Les uns peuvent défendre leur identité sans empiéter sur celle des autres. Une telle guerre est, par définition, une guerre libératrice.
Et Malatesta, dans son autre essai, « La guerre et les anarchistes », dit :
« Nous abhorrons la guerre, toujours fratricide et néfaste, et nous voulons une révolution sociale libératrice ; nous déplorons les conflits entre les peuples et nous appelons à la lutte contre les classes dominantes. Mais si, par malheur, un affrontement devait éclater entre un peuple et un autre, nous sommes aux côtés des peuples qui défendent leur indépendance. »
En fait, de nombreux théoriciens classiques de l’anarchisme considèrent que la lutte de libération nationale mérite d’être soutenue par les anarchistes. L’anarchiste ukrainien Denis Khromyi a écrit un article à ce sujet : “Vadim Damier’s Myth of Classical Anarchist Internationalism” (Le mythe de l’internationalisme anarchiste classique de Vadim Damier), qui prouve de manière approfondie que la guerre de libération comprend non seulement la révolution économique, mais aussi la défense de l’identité nationale et de l’autonomie régionale, et que le principal oppresseur du peuple ukrainien à l’heure actuelle n’est pas la bourgeoisie nationale, mais la Russie impérialiste, qui revendique des « terres historiques ».
Il est bien connu que les anarchistes soutiennent la diversité culturelle et l’autonomie économique des individus. Par conséquent, lorsque nous, antimilitaristes, disons que nous soutenons les Ukrainiens dans une guerre pour leur indépendance et leur liberté, nous ne voulons pas exterminer le peuple russe. Nous voulons préserver l’indépendance culturelle et politique du peuple ukrainien, qui souffre de l’agression militaire russe et qui est menacé d’assimilation et d’extermination par l’État russe. Nous exprimons collectivement notre solidarité avec les Ukrainiens, non seulement en tant que représentants de la classe économique opprimée, mais aussi en tant qu’individus et représentants de communautés régionales aux traditions linguistiques et culturelles diverses.
L’agression russe ne peut pas être arrêtée en gelant la ligne de front, car les habitants des territoires occupés continueront à subir des répressions fondées sur l’identité ethnique. Les Ukrainiens des territoires occupés seront les premiers à être enrôlés lors de la prochaine tentative russe d’attaquer l’Ukraine et seront contraints de combattre leur propre peuple, comme cela s’est produit à Donetsk et à Lougansk.
Lorsque les « anarcho-poutinistes » attaquent notre antimilitarisme, ils promeuvent l’agenda de la neutralité, ou plus précisément, l’indifférence à la guerre, ils appellent les activistes, qui peuvent aider et se solidariser avec le peuple opprimé d’Ukraine, à l’indifférence et à la neutralité.
En tant qu’antimilitaristes, nous ne serons jamais neutres ni indifférents. Nous continuerons à soutenir le peuple ukrainien dans sa lutte pour l’indépendance et la liberté, et nous encouragerons le peuple russe à lutter contre son État impérialiste répressif ! »
Nous ne nous plaignons pas des attaques, des mensonges et des accusations tordues de tous ces faux « anarchistes », loin de là, tout le monde devrait être conscient de leurs sales méthodes et du fait que ces groupes et personnes ne négligent rien pour atteindre leurs objectifs contre-révolutionnaires ; non, ce que nous regrettons plutôt, c’est que bien qu’il était clair que des attaques allaient avoir lieu, les organisateurs n’ont pas pris de mesures suffisantes pour s’en prémunir, c’est-à-dire pour assurer leur sécurité. Le congrès reposait sur des bases fragiles et peu de choses étaient nécessaires pour le saboter complètement.
Une réflexion – notre critique et la suite des événements
Malgré toutes les attaques de l’intérieur et de l’extérieur, on peut clairement dire que les gens sur place étaient complètement dépassés, ce qui est compréhensible, et on peut clairement se demander s’ils n’ont pas non seulement surestimé leurs capacités, mais aussi la situation en raison des attaques permanentes. Nous saluons leur élan d’avoir essayé, quoi qu’il arrive, de faire en sorte que cette rencontre ait lieu, mais c’était apparemment une erreur d’appréciation en raison de ces attaques permanentes. Non seulement le nombre insuffisant de personnes n’a pas permis de faire face à la situation, mais en plus, comme nous l’avons vu, les événements ont conduit à la non-tenue du congrès. Et pourtant, certains groupes ont tourné toutes les pierres qu’il y avait à tourner pour que la rencontre puisse avoir lieu non seulement le samedi, mais aussi le dimanche. Non seulement l’effort était grand, mais les coûts l’étaient aussi. Ce qui est considéré comme une évidence, mais nous savons très bien que ce n’est pas le cas, car très peu de groupes et d’individus se comportent ainsi de nos jours.
Nous ne devons pas non plus oublier qu’en raison de la présence de certains groupes non souhaités, dont la TCI et le CCI, même si tout s’était bien passé avec les locaux, la réunion ne se serait pas déroulée d’une meilleure façon. Elle se serait simplement déroulée différemment. Nous aurions également discuté jusqu’à plus soif de la conférence de Zimmerwald et de la question de savoir si nous en étions les héritiers ou non. En ce qui nous concerne, nous disons clairement non.
C’est pourquoi nous pensons que dès le début, les organisateurs auraient dû être plus francs et dire qu’ils ne pouvaient pas mettre en place autant de choses seuls et que ce qu’ils mettaient en place était fragile.
Malgré le goût amer de ce week-end, cela devrait toutefois conduire à ce que de tels efforts se généralisent, pour organiser collectivement des actions, des luttes et des campagnes contre la paix et la guerre du capitalisme, pour discuter, pour construire une communauté de lutte. Car la tentative de construire collectivement et internationalement une communauté de lutte qui défend et soutient un programme révolutionnaire et anarchiste commun est toujours nécessaire et importante. Le programme de l’anarchie est clair, une société sans classes, ni travail salarié, sans nations, États, frontières, sans valeur, sans armées et police, sans prisons, ni patriarcat, ni racisme, où l’argent aura été aboli, ainsi que les écoles, les religions, les guerres, sans la destruction de la nature et des autres espèces…
Nous sommes heureux d’avoir été là malgré tout.
Notre très cher journaliste d’investigation Peter Nowak
Peter Nowak, qui n’était pas à Prague pour le congrès, a écrit deux articles sur la rencontre qui sont totalement faux. Nous ne comprenons pas comment on peut faire cela la conscience tranquille ; il a publié et diffusé, de manière ciblée ou non, de fausses informations, comme par exemple :
« Là, des contacts et des discussions intéressantes auraient certainement été garantis. Mais la répression les a empêchés. En effet, la direction de l’école a résilié les locaux déjà loués en février 2024 pour le congrès anti-guerre quelques heures avant l’ouverture prévue. Après une certaine confusion, de nouveaux locaux ont été trouvés à plusieurs kilomètres de là. Certains participants ont été informés trop tard du changement forcé de lieu du congrès. Il est étonnant que cette restriction massive du congrès anti-guerre, et donc d’une manifestation de la gauche antiautoritaire, n’ait pas été abordée et condamnée lors des Journées du livre anarchiste. On n’a même pas entendu parler d’une résolution de protestation, et encore moins d’autres actions. » Gegen Staat, Kapital und Militär in Prag [Contre l’État, le capital et l’armée à Prague]
Ou comme dans l’article « Conférence de Zimmerwald à Prague : Réflexions sur la semaine d’action antimilitariste – Contre tous les fronts transversaux, que ce soit pour la paix ou la guerre capitaliste », il est plus important pour lui de parler de la conférence de Zimmerwald.
Quelques mots seulement pour ceux qui ne l’ont toujours pas compris, la conférence de Zimmerwald de 1915 n’était ni révolutionnaire ni rien d’autre ; c’est là que se sont réunis les pitoyables restes de la IIe Internationale qui n’ont pas suivi les tambours de guerre des pays qu’ils gouvernaient ou aspiraient à les gouverner. Mais ce que voulait la majorité des personnes présentes à la conférence à l’époque, c’était un accord de paix entre tous les belligérants. On y a plaidé pour la paix capitaliste. Nous ne voyons donc pas ce qu’il y a de si passionnant dans cette conférence. Mais l’étude de celle-ci serait un texte en soi.
Ah oui, personne ne semble l’avoir remarqué, nous non plus, le salon du livre anarchiste de Berlin-Kreuzberg aura lieu exactement aux mêmes dates que la conférence de Zimmerwald, à savoir du 5 au 8 septembre, mais 109 ans plus tard et avec un contenu complètement antagoniste.
Et enfin…
Pour rappel, ce n’est pas la première fois que des « anarchistes » appellent à la guerre, puisque dès la Première Guerre mondiale, Kropotkine et d’autres appelaient à lutter contre l’impérialisme de l’Empire allemand, même s’ils ne niaient pas que la France, l’Empire britannique ou l’Empire russe étaient des puissances impérialistes, comme le font les « anarcho-militaristes », les « anarchistes de l’OTAN », etc.
Voici donc quelques lignes d’un groupe de communistes anarchistes de l’empire russe de l’époque, qui se sont exprimés à ce sujet en exil en Suisse et qui n’ont rien perdu de leur force d’expression :
« Et après tout cela, Kropotkine et les autres auteurs du manifeste se qualifient toujours d’anarchistes et d’antimilitaristes ! Ceux qui appellent le peuple à la guerre ne peuvent être ni anarchistes ni antimilitaristes.
Ils défendent une cause qui est étrangère aux ouvriers. Ils ne veulent pas envoyer les travailleurs au front au nom de leur émancipation, mais à la gloire du capitalisme national progressiste et de l’État. Ils veulent détruire l’esprit d’anarchie et laisser ses restes aux serviteurs du militarisme.
Mais nous restons à notre poste. Nous demandons aux travailleurs du monde entier de s’attaquer à leurs pires ennemis, quels que soient leurs dirigeants – l’empereur d’Allemagne ou le sultan turc, le tsar russe ou le président français. Nous savons que la démocratie et l’autocratie n’ont rien à envier l’une à l’autre lorsqu’il s’agit de corrompre la volonté et la conscience des travailleurs. Nous ne faisons pas de différence entre les guerres acceptables et inacceptables. Pour nous, il n’y a qu’un seul type de guerre, la guerre sociale contre le capitalisme et ses défenseurs. Et nous répétons nos slogans, reniés par les auteurs de l’ignoble manifeste : À bas la guerre !
A bas le pouvoir de l’autorité et du capital ! Vive la fraternité du peuple libre !
Groupe des anarchistes communistes de Genève »
(Otvet, dans “Put’k Svobode”, Genève, mai 1917, p.10-11)
Traduction française : Les Amis de la Guerre de Classe / Die Freunde des Klassenkriegs
1 « Des informations erronées ont commencé à circuler sur Internet selon lesquelles le salon du livre débuterait le 20 mai et ferait partie d’une sorte de journée d’action intitulée « Ensemble contre les guerres capitalistes et la paix capitaliste. » Il n’en fait pas partie et n’en fera pas partie. Nous ne savons pas qui a écrit le texte, qui organise l’événement, qui le fait circuler sur Internet, nous n’avons pas été contactés pour participer à l’événement et pour contribuer au texte de l’appel. Nous n’avons aucune confiance dans cette action. »
2 Deux exemples : https://www.afed.cz/text/7872/propadaji-anarchiste-valecne-horecce / https://www.afed.cz/text/7947/anarchiste-podporuji-pravo-ukrajiny-na-sebeurceni
3 (Guerre de Classe & Initiative antimilitariste) Du nouveau dans « l’anarchisme » ? Autodétermination nationale et convergence d’intérêts avec le capital ?! / (AMI) La gauche du capital sabote le mouvement anarchiste : défendons-nous !
4 « Ensemble contre les guerres capitalistes et la paix capitaliste. » / CONGRÈS ANTI-GUERRE / PRAGUE / 24 au 26 mai 2024 /